HarmonyOS rivalisera avec Android et iOS selon Huawei, les experts en doutent
Huawei a plus que jamais besoin de son propre système d’exploitation HarmonyOS. La firme veut croire qu’elle peut en faire un écosystème aussi puissant qu’Android et iOS. Mais les experts s’accordent pour dire que cela sera extrêmement difficile hors de Chine.
Pendant des mois, Huawei espérait la fin rapide de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Le fondateur du groupe Ren Zhengfei répétait à qui voulait bien l’entendre son intention de revenir dans les petits papiers de Google et de continuer à miser sur Android pour soutenir la croissance de sa division smartphone.
Or, l’acharnement de la Maison Blanche, qui semble désormais tout faire pour faire couler une entreprise qu’elle perçoit comme une menace pour ses intérêts force Huawei à complètement changer de discours. Les Etats-Unis viennent en effet de décréter de nouvelles sanctions conçues pour l’empêcher d’externaliser la production de ses puces Kirin chez des fondeurs comme TSMC.
Huawei, acculé par les sanctions, n’a d’autres choix que de pousser son écosystème
Ces sanctions ne sont que les dernières d’un long feuilleton qui a commencé avec le placement de Huawei sur une liste d’Entités en réalité une liste noire d’entreprises. Les firmes qui désirent poursuivre leurs relations commerciales doivent solliciter l’octroi d’une licence auprès du Département américain du commerce. Sans garantie de l’obtenir.
Or, l’une des conséquences immédiates a été le retrait de la licence Android, qui permettait jusqu’alors à Huawei de préinstaller la suite indispensable d’applications Google (Play Store, Google Maps, etc…) sur ses smartphones. Néanmoins plus le conflit avance, plus il est clair que Huawei doit proposer ses propres alternatives à tout ce qui est américain. Notamment son propre système d’exploitation Harmony OS.
C’est une question de survie et c’est dans ce contexte que Eric Tan, l’un des vice-présidents Huawei en charge des services de cloud grand public a déclaré mardi à CNBC : « Huawei est en position de délivrer un écosystème qui rivalise avec les écosystèmes de Google et Apple« . Et d’ajouter : « nous sommes confiants dans le fait de devenir l’un des principaux écosystèmes du marché ».
Huawei peut facilement réussir en Chine, à l’étranger c’est une autre histoire
Mais est-ce seulement réalisable ? Pour étayer son discours, Eric Tan explique que fin mars, Huawei avait réussi à convaincre 1,4 millions de développeurs de porter leur application (+115% par rapport à fin 2019). Et de fait, il est vraisemblable que Huawei parvienne à son objectif… en Chine. L’absence des applications Google sur les smartphone y est de toute façon déjà la norme.
A l’étranger, en revanche, cela risque d’être une autre histoire. Plusieurs experts dont un responsable de IDC estime en effet que les technologies américaines sont trop enracinées dans les pays tiers : « il ne sera pas simple pour Huawei de construire une librairie d’applications de premier choix hors de Chine, étant donné que nombre d’entre elles ont besoin des services Google pour des choses comme les DRM, la localisation, les paiements et les services de notifications ».
Il estime également que les développeurs ne peuvent pas se consacrer à tous les projets et qu’il faut qu’il y ait déjà une masse d’utilisateurs suffisante dans un espace géographique donné pour réellement parvenir à les séduire. Pour l’heure, l’alternative Huawei du Play Store, baptisée AppGallery, compte surtout des applications chinoises, et de nombreuses applications populaires comme Facebook ou Instagram y sont toujours absentes.
Neil Shah de Counterpoint Research ajoute : « hors de Chine, ce sera une lutte de longue haleine car la plupart des applications de premier plan viennent de développeurs US de haut rang Netflix, les applications Facebook (Instagram, WhatsApp), les applications Google, etc qui ne peuvent à l’évidence plus collaborer avec Huawei ».
Source : CNBC